La fameuse coiffure de la chanteuse Amy Winehouse prenant feu à cause d'un fusible défectueux, une Avril Lavigne saoule ronflant sur une table en pleine boîte de nuit londonienne, Guy Ritchie, l'ex de Madonna, se faisant un coquard en jonglant maladroitement avec des couverts dans un restaurant, Pixie Geldof rembourrant ses soutiens-gorges... Tout a été publié, mais tout était faux ! Le réalisateur britannique Chris Atkins et son équipe préparant un documentaire ont piégé plusieurs tabloïds britanniques. Ils voulaient voir si leurs bobards seraient publiés sans vérification. Non seulement, ce fut le cas, mais souvent avec des infos supplémentaires, et elles se sont vite répandues. Chris Atkins a raconté l'expérience au Guardian, avant la sortie le 29 octobre à Londres de son documentaire "Starsuckers".
Se faisant passer pour des témoins ou des amis de témoins d'événements impliquant des people, l'équipe appelait sous pseudo les journaux britanniques friands de petites histoires "trash" pour leur vendre ces scoops créés de toutes pièces. Leurs cibles : le Daily Mirror, le Sun, le Daily Express et le Daily Star. Les "testeurs" ont aussi expérimenté l'appel à un seul tabloïd, les autres étant prévenus qu'il s'agissait d'un bobard. Là encore, l'expérience s'est avérée "concluante" pour Chris Atkins et ses acolytes : l'info était souvent reprise sur des blogs people américain par exemple. L'histoire d'Amy Winehouse s'est de son côté retrouvée dans les colonnes du Times of India, le journal en langue anglaise le plus répandu dans le monde, rappelle The Guardian. Il aurait été facile de découvrir le canular en quelques minutes en appelant l'agent de ces stars, précisent les arnaqueurs, qui soulignent tout de même la conscience professionnelle d'autres journaux plus scrupuleux qui ont vérifié les infos.
Les trois règles d'or pour vendre un faux scoop
"Nous voulions tester le degré de vérité des histoires concernant les célébrités, qui dominent désormais totalement tous les aspects de nos nouveaux médias", commente le réalisateur dans The Guardian. "Et nous avons plus précisément voulu nous rendre compte du niveau de vérification des faits opérée par les journalistes", a-t-il expliqué, précisant que son équipe n'avait jamais accepté les offres de rétribution émanant des journaux.
Mais c'est possible et facile, affirme-t-il dans une interview vidéo sur le site du Guardian. Il livre même les règles d'or du parfait menteur ! Que l'info soit drôle, qu'elle ne soit pas trop méchante (les journaux "ne veulent pas être poursuivis", décrypte-t-il) et donner un nom et un numéro de téléphone. "Ils publieront votre histoire et vous donneront de l'argent pour cela !"